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Mozart franc-maçon : l’homme et le génie

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Mozart franc-maçon : comment l’appartenance maçonnique du célèbre compositeur a-t-elle influencé l’homme et son oeuvre ? Voici une planche au 1er degré.

Le nom de Wolfgang Amadeus Mozart est souvent associé à la franc-maçonnerie, mais nous manquons de détails concernant la vie du compositeur. Nous pouvons cependant éclairer le lien qui existe entre ce génie de la musique classique et son travail en loge.

Mozart est né en janvier 1756 et mort à Vienne le 5 décembre 1791 à 35 ans, d’une hémorragie cérébrale. Très tôt initié à la musique, il fait preuve d’une grande sensibilité. L’influence de son père dès son jeune âge favorise un talent précoce.

A l’époque, être musicien n’est pas aisé. Lorsqu’il est employé pour jouer, il mange à l’office avec les serviteurs, son père le produit et il est présenté comme un « singe savant ».

En 27 années de labeur, Mozart produira plus de 600 œuvres qui seront jouées dans plus d’une centaine de villes : du jamais vu pour l’époque.

Voici une planche sur Mozart franc-maçon.

En 1742, on dénombre 62 loges en Autriche dont 8 à Vienne. La franc-maçonnerie est en vogue chez les intellectuels. Des grands noms comme Goethe ou Schiller sont francs-maçons ou proches de la culture maçonnique.

L’empereur Joseph II veille sur cet Ordre car il éprouve de la sympathie pour ses membres et se promet de les protéger face à l’influence du Vatican. L’Etat ne promulgua jamais le décret d’application de la bulle pontificale de Clément XII condamnant l’ordre.

Dès l’âge de 11 ans, Mozart écrit une musique sur un poème d’inspiration maçonnique pour un médecin qui l’a guéri de la variole.

Mozart s’intéresse plus précisément à l’Ordre à partir de 1773. Lors d’un séjour à Vienne, il découvre les quatuors de Haydn et la société éclairée de la ville. C’est un complément à ses croyances perturbées par l’archevêque et les membres influents de la ville de Salzbourg.

Bien que pratiquant, la religion catholique ne correspond plus à ses aspirations. Il retrouve dans la franc-maçonnerie les notions d’amour et de Lumière qu’il a perdues. Il découvre aussi la tolérance religieuse et la fraternité.

A 28 ans, Mozart est initié franc-maçon dans la loge la Bienfaisance.

Il écrit :

Mon vrai départ m’a été donné par un directeur de théâtre, le baron Tobias Von Gebler, un autre frère, membre du gouvernement autrichien. Il m’a commandé la musique d’un drame héroïque, (Thamos, roi d’Égypte). C’est sans doute avec l’influence de cette pièce que je me suis approché plus tard de La Flûte enchantée…et d’une loge maçonnique !

Le thème de Thamos décrit la fidélité en dépit de toute adversité. Mozart reprendra une seconde fois l’œuvre, connaissant une belle réussite, mais en 1779 il n’a pas encore connaissance de la pleine valeur des symboles ni de leur contenu initiatique. La seconde version aura pour ouverture la lente et majestueuse procession du second mouvement de sa 26ème symphonie.

Cette petite loge, la Bienfaisance, très récemment ouverte, avait besoin d’un frère pour tenir sa colonne d’harmonie : c’est ce qui pousse Mozart à formuler sa demande d’adhésion.

Il est initié le 14 décembre 1784. Il est reçu compagnon un mois plus tard dans la loge L’espoir couronné ; il devient maître en avril 1785. Il parraine son père ainsi que le compositeur Joseph Haydn.

On lui demande alors de composer une première œuvre maçonnique. Il apprécie l’accueil et l’amour que lui témoignent ses frères car il est affecté par la critique viennoise qui juge ses opéras trop complexes : il a perdu l’affection du public.

Le Voyage du Compagnon (Die ihr einem neuen Grade) voit le jour en mars 1785 :

TENOR
Vous qui maintenant approchez
d’un nouveau grade de la connaissance,
marchez d’un pied ferme sur votre sentier,
sachez que c’est le sentier de la Sagesse.
Seul l’homme inlassable
Peut s’approcher de la source de la Lumière

Il a comme frères des proches et des artistes : le baron Van Swieten qui lui a fait découvrir l’œuvre de Jean-Sébastien Bach, le baron Gemmingen, traducteur des œuvres de Jean-Jacques Rousseau, ou encore le riche marchand Puchberg. Ils sont presque tous issus de l’aristocratie et du monde des arts.

Quelques temps après, Joseph II décrète par ordonnance un nouveau cadre de fonctionnement de l’Ordre maçonnique, trois loges seulement étant autorisées à Vienne. Toutes les loges doivent faire connaître aux autorités la liste de leurs membres et les dates de leurs tenues. En échange, la franc-maçonnerie est placée sous la protection de l’Etat.

A Vienne, L’espérance couronnée, La bienfaisance et Les trois feux fusionnent pour constituer La nouvelle espérance couronnée.

Le travail de Mozart se bonifie au contact de ses frères. Nous avons là la rencontre d’un génie avec un ordre qui l’inspire et dans lequel il s’épanouit.

Mozart s’approche du sommet de son art, et la puissance symbolique et fraternelle de la franc-maçonnerie le nourrissent. On retrouve chez Haydn la même démarche, lorsque Dieu fait briller la Lumière dans La Création.

L’élément ternaire apparaît à travers la tonalité en trois dièses ou trois bémols, la tierce majeure ou mineure. Il y a aussi les marches, les processions, les batteries…

Mais rechercher systématiquement une influence maçonnique dans toute œuvre de Mozart serait une erreur. Mozart considère avant tout l’Art comme l’aboutissement de la Beauté.

Mozart a produit quatre sortes d’œuvres reconnues comme maçonniques : Cantates, Marches, Lieder et œuvres scéniques. Il a composé des musiques circonstancielles pour des tenues, d’autres de caractère maçonnique mais non rituelles, parfois composées avant son initiation comme Thamos, déjà évoqué.

L’année 1785 est traversée par sa joie d’avoir été reçu franc-maçon ; il produit alors des œuvres qui sont considérées comme ses meilleurs travaux, notamment l’Ode funèbre k477 (Maurerische Trauermusik) exécutée pour les cérémonies funèbres, œuvre charnière qui révèle la grandeur d’âme du Maître. Einstein la considérait comme l’un des plus belles créations de Mozart. Elle a été composée en 1785, soit huit mois après son initiation. C’est un moment de méditation silencieuse sur la mort.

Citons aussi :

  • le quatuor en La Majeur, œuvre que Beethoven considérait comme un chef d’œuvre de construction et d’harmonie,
  • le quatuor en Ut Majeur, appelé quatuor des dissonances, qui évoque le passage de l’obscurité à la Lumière,
  • le concerto pour piano n°20, sorte de réflexion de Mozart sur son initiation (premières mesures de l’allegro symbolisant les marches du temple),
  • le concerto pour piano n°22, composé sans doute pour l’anniversaire de son initiation.

L’année 1788 est marquée par le manque d’argent et le deuil : Mozart perd de sa dernière fille Thérèse à l’âge de 6 mois). Il écrit des œuvres importantes traduisant les raisons d’espérer tout autant que l’étendue de sa tristesse. C’est aussi sa période la plus féconde.

Blessé par la non-reconnaissance de son Don Juan à Vienne, il travaille sans relâche. Il crée trois symphonies 39, 40 et 41 en deux mois :

  • la symphonie 39 symbolise le passage du monde profane au monde sacré. Les six premières mesures sont semblables à celles de l’ouverture de la Flûte (Einstein y voit Tamino frappant à la porte du temple),
  • la symphonie 40 est jugée comme une parenthèse entre la 39ème (acceptation de la douleur et clarté naissante) et la 41ème (sérénité et Lumière),
  • la symphonie 41 « Jupiter » évoque la joie, la Lumière ; elle est à la fois rigueur et beauté.

L’année 1791 est marquée par sa décision de se dévoiler.

Mozart n’est pas le bienvenu lors des fêtes du couronnement de Léopold II à Frankfort. Il ne compose plus durant le second semestre 1790 mais multiplie les créations en 1791 : 38 œuvres dont deux opéras, un concerto et le début du Requiem. Il fréquente assidûment sa loge et l’expression de ses convictions maçonniques est intense dans ses travaux.

Mozart reçoit au printemps 1791 l’une des plus belles propositions de sa vie. Emanuel Schikaneder, directeur d’un théâtre à Vienne et ancien franc-maçon, lui propose de composer un opéra sur un thème inspiré de la franc-maçonnerie, un opéra à la gloire de l’Ordre qui est directement menacé. Ce sera La Flûte Enchantée.

Mozart pense que le moment est bien choisi. Lorsque le rideau se lève, on aperçoit un temple maçonnique. Les héros, Pamina et Tamino, doivent traverser ensemble une série d’épreuves initiatiques qui sont des références à peine voilées au rituel des loges.

Le chiffre 3 apparaît fréquemment. Un triple accord, puissant et solennel, ouvre l’opéra. Il y a aussi trois dames, trois enfants, trois épreuves : le silence, l’eau et le feu. Le chœur final s’achève sur les mots « force », « sagesse » et « beauté ».

Au travers de l’initiation, l’opéra chante le bonheur par l’amour, et connaît le succès. Les personnages sont mythiques, avant de devenir des êtres humains. On perçoit une évolution entre Thamos et la Flûte grâce à l’apport de l’initiation. Le livret indique que tous les hommes ont le droit d’accéder au bonheur et à l’amour.

Cet opéra symbolise le combat de la Lumière contre la Nuit, de la Vérité contre l’Erreur. Zarastro est le détenteur de la Lumière et Tamino n’est autre que l’Homme, toujours à la poursuite de la Vérité, toujours curieux et insatisfait, en quête de Vrai, de Beau et de Bien.

A l’automne 1791, Mozart se met à composer le Requiem, qui lui a été commandé au mois d’août.

Mais il s’interrompt parce qu’on vient de lui proposer un travail qui l’intéresse nettement plus : une cantate maçonnique, pour l’inauguration du nouveau lieu de réunion de sa loge. Il la nomme L’éloge de l’amitié. Le jour de l’inauguration, ses frères lui réservent un triomphe.

Le Requiem restera inachevé mais sera terminé par l’un de ses élèves.

Pour conclure, les œuvres de Mozart se ressemblent par leur vision du monde et de la mort.

Mozart, dans son approche musicale, tentait d’atteindre l’inaccessible étoile et y parvenait parfois. Son initiation et sa foi maçonnique l’ont guidé tout au long de sa courte vie d’artiste malgré les problèmes financiers et sa dépression. Ses frères l’ont bien sûr soutenu. Amoureux du travail et de l’effort, Mozart est un exemple pour tout franc-maçon.

Quelques mois après sa mort, le Vénérable de sa loge prononça un vibrant éloge dont voici un extrait :

Il a plu à l’Architecte Eternel de l’Univers d’arracher à notre chaîne fraternelle l’un des maillons qui nous étaient les plus précieux et les plus aimés. Qui ne le connaissait pas ? Qui ne l’estimait pas ? Qui ne l’aimait pas, notre remarquable frère Mozart ?

Qui de nous, mes frères, aurait alors estimé sa vie si proche de son terme. Si nous nous rappelons ses capacités dans l’art, nous ne devons pas oublier pour autant les qualités excellentes de son cœur. Il était un membre zélé de notre ordre. Il fut époux, père, ami de ses amis, frères de ses frères. Il lui manquait seulement des trésors pour pouvoir rendre heureux des centaines de ses semblables.

Plus tard Richard Wagner dira de lui : « Sa musique est l’œuvre d’un génie, de la Lumière et de l’Amour ».

Terminons par cet extrait de la lettre de 1787 adressée à son père :

Comme la mort est le vrai but final de notre vie, je me suis tellement familiarisé avec cette parfaite amie de l’homme que son image, non seulement n’a plus rien d’effrayant pour moi, mais m’est très apaisante et consolante. Je remercie mon Dieu de m’avoir accordé le bonheur de saisir l’occasion d’apprendre à la connaître comme la clé de notre vraie félicité.

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Modif. le 15 juin 2025

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