C’est avec les lumières du passé que l’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir

5/5 (1)

C’est avec les lumières du passé que l’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir : interprétation de cette phrase du rituel d’élévation au grade de maître. Voici une planche au 3ème degré R.E.A.A.

Quand le passé n’éclaire plus l’avenir, l’esprit marche dans les ténèbres.
Alexis de Tocqueville

Lors de la cérémonie d’élévation au 3ème degré, le récipiendaire pénètre dans la Chambre du milieu à reculons. Il se trouve alors face à l’Etoile flamboyante qui, curieusement, apparaît désormais à l’occident.

Retenu entre les colonnes par l’Expert et le Maître des Cérémonies, il entend le Très Vénérable Maître prononcer ces mots :

Compagnon …, contemplez l’Étoile Flamboyante qui vous fait face ! C’est avec les lumières du passé que l’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir !

Le Très Vénérable Maître s’assure ensuite des intentions du récipiendaire, qui est enfin autorisé à se retourner vers l’orient.

Ainsi, l’Etoile flamboyante, qui au grade de compagnon symbolisait l’objectif à atteindre, c’est-à-dire l’avenir, apparaît maintenant à l’occident, symbole du passé.

Ceci nous amène à nous interroger sur nous-même et ce que nous pensions trouver au troisième degré. Nous espérions accéder aux ultimes secrets, mais nous ne rencontrons que perte, tristesse et deuil…

Tentons d’interpréter la phrase : « c’est avec les lumières du passé que l’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir ».

Voir aussi notre planche sur l’entrée à reculons

C’est avec les lumières du passé que l’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir : interprétation

En accédant à la maîtrise, nous pensions obtenir les clés de compréhension des plus grands mystères. Nous pensions toucher du doigt la vérité et être couronné… Excès d’ambition…

Nous tombons de haut : nous ne trouvons aucune réponse en Chambre du milieu. Bien au contraire, tout semble perdu, précisément du fait de notre ambition qui fait obstacle au vrai.

Peu à peu, nous prenons conscience qu’aucun secret ne peut être transmis d’homme à homme. Car les secrets sont en nous-même, dans l’intimité de notre corps et de notre psychisme : à nous d’arriver à les lire.

C’est donc en se retournant sur soi-même que l’on peut progresser. C’est le nécessaire retour à l’intériorité après un deuxième degré sans doute trop « extérieur ».

Se pencher sur sa propre matière, c’est se pencher sur le passé, donc sur l’ensemble des causes de ce qui nous constitue. C’est tout l’enjeu de la connaissance de soi, qui consiste aussi à reconnaître nos erreurs, nos méprises, nos illusions, nos faiblesses.

Ainsi, régression, retour sur soi, remise en cause, fondent ce troisième degré.

Le passé fonde l’avenir

« C’est avec les lumières du passé que l’on se dirige dans l’obscurité de l’avenir » : ici, l’obsurité de l’avenir symbolise l’inconnu, donc l’ignorance, la méconnaissance de ce qui nous fonde.

Mais il existe un moyen de dissiper ces ténèbres : il s’agit tout simplement de rechercher les causes de ce qui nous constitue, de nos pensées et de nos actes.

Cette quête est autant la recherche de ce que nous sommes que la recherche des éléments qui nous masquent ce que nous sommes.

Par ailleurs, cette réflexion nous amène à une autre question philosophique fondamentale : si nous ne sommes qu’un ensemble de causes, sommes-nous réellement maître de notre destin ? L’avenir serait-il déjà écrit ? Le libre-arbitre ne serait-il qu’une illusion ?

L’être obscur pense qu’il décide de ce qu’il est, oubliant les millions de causes qui le déterminent. Pourtant, il se pourrait que la loi de causalité débouche sur la conclusion que rien ne peut arriver par hasard ou selon notre bon vouloir. Notre impression de liberté serait uniquement due à notre ignorance des causes passées.

Faut-il pour autant renoncer à être libre ? Il s’agirait plutôt de renoncer à la définition profane de la liberté pour adopter une autre définition, plus spirituelle. Dès lors, la liberté consisterait à cesser de croire que nous sommes matériellement libre. Un paradoxe qui donne accès à la liberté au sens spirituel, dans le sens d’un désillusionnement qui permet d’éclairer notre nature universelle. Car en tant que carrefour de toutes les causes de l’univers, même les plus lointaines, nous sommes le reflet du Grand Architecte de l’Univers.

C’est donc dans l’ombre de nos pensées, dans leur origine lointaine et profonde qu’il faudra désormais rechercher les réponses. L’Etoile flamboyante n’est pas un idéal de vérité lointain, elle est nous-même, elle est le symbole même de notre nature cosmique, nature qu’il nous faut tenter d’explorer toujours plus profondément.

Voir aussi notre liste de planches au 3ème degré

Pour aller plus loin :

Modif. le 27 avril 2024