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Tao Te King 38 : la décadence

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Tao Te King 38 : interprétation du 38ème verset du Livre de la Voie. Que se passe-t-il quand le tao se perd ? Qu’est-ce qu’une société décadente ?

Dans ce chapitre politique et moral, Lao-tseu oppose les qualités de l’homme vertueux aux défauts de l’homme illusionné.

Il décrit ce que devient une société dans laquelle les individus (notamment les gouvernants) oublient progressivement ce qu’est le tao.

L’homme vertueux se tient au centre, en accord avec le tao. L’homme illusionné s’attache à ses objectifs : il affirme être vertueux mais tend à imposer sa vertu aux autres, ce qui prouve qu’il est ignorant et décentré.

C’est ainsi que la société entre en décadence.

Voici Tao Te King 38, texte et commentaire.

Tao Te King 38 : texte du verset.

(entre parenthèses, traduction alternative)

Le Maître ne court pas après le pouvoir ;
ainsi est-il vraiment puissant.

(Les hommes de vertu supérieure ignorent leur vertu ;
c’est pourquoi ils ont de la vertu.)
L’homme ordinaire est tendu vers le pouvoir ;
ainsi n’en a-t-il jamais assez.

(Les hommes d’une vertu inférieure n’oublient pas leur vertu ;
c’est pourquoi ils n’ont pas de vertu.)

Le Maître ne fait rien,
mais ne laisse rien d’inachevé.
L’homme ordinaire sans cesse fait des choses,
mais il en reste toujours plus à faire.

L’homme bienveillant fait quelque chose, (pratique la vertu)
mais quelque chose demeure inachevé.
L’homme juste fait quelque chose,
et laisse de nombreuses choses à faire.
L’homme moral fait quelque chose,
et quand personne ne réagit,
il retrousse ses manches et utilise la violence.

Quand le Tao se perd, il y a la vertu.
Quand la vertu se perd, il y a la morale.
Quand la morale se perd, il y a le rite.
Le rite est l’enveloppe
(l’écorce) de la vraie foi,
le début du chaos.

Ainsi le Maître s’occupe
de la profondeur et non de la surface,
du fruit et non de la fleur.
Il n’a pas de volonté propre,
et laisse toutes les illusions passer.

Tao Te King 38 : la décadence.

Ce chapitre pointe le danger qu’il y a à désirer, à affirmer, à tenter de contrôler ou à vouloir exercer le pouvoir sur les autres.

Car le véritable pouvoir consiste, non pas à gouverner selon ses propres idées, mais à accompagner l’évolution naturelle des choses, le « cours des choses ». Voilà le non-agir dans sa dimension politique.

Ce non-agir permet l’harmonie et la paix civile : les gouvernants se tiennent en retrait, laissant le peuple mener ses propres expériences et accomplir son destin.

Une société décadente est au contraire une société dans laquelle les gouvernants imposent leur vision des choses : ils sont tendus vers leur objectif, ils énoncent et imposent leur vision de la vertu. Ils s’approprient la morale et figent les valeurs, qui finissent par perdre toute substance. Les discours et les postures remplacent l’authenticité de l’action. L’évidence disparaît ; le bien et le mal apparaissent. Les conflits se multiplient et les gouvernants utilisent toujours plus la violence.

C’est le début du chaos.

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Modif. le 3 septembre 2020

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