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La sagesse : définition philosophique

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La sagesse : définition philosophique. Qu’est-ce qu’être sage sur le plan théorique et pratique ? Quelles sont les différentes dimensions de la sagesse ?

La sagesse est une notion large, plutôt imprécise, qui comporte des aspects à la fois théoriques et pratiques.

Dans sa dimension abstraite, la sagesse est la recherche du vrai, du bien et du juste. Mais cette définition est largement insuffisante ; en effet, la sagesse est aussi et surtout un état d’esprit, un savoir-être et un savoir-vivre.

Il y a dans la sagesse une dimension de maîtrise, de calme et de sérénité. Au quotidien, c’est un comportement qui transparaît à travers une sorte de langage silencieux, une attitude exemplaire qui incite à la paix et à l’ouverture.

Notons que le mot sagesse est souvent associé au mot connaissance. Or, cette connaissance est moins une accumulation de savoirs qu’un dépouillement ou une quête en vue d’une amélioration intérieure. Il s’agit d’une démarche dynamique, qui fait appel à la volonté. Nous verrons que cette connaissance touche avant tout à la connaissance de soi.

La sagesse est au coeur des grands courants religieux et spirituels de l’humanité, certainement parce qu’elle possède une dimension supérieure, sacrée.

Citons quelques-unes des grandes traditions de sagesse :

  • les mythologies, légendes orales et traditions ancestrales,
  • les philosophies religieuses orientales : bouddhisme, taoïsme, confucianisme, védisme, brahmanisme, hindouisme, etc,
  • les courants philosophiques de la Grèce antique : stoïcisme, épicurisme, idéalisme, etc,
  • les religions monothéistes : judaïsme, christianisme, Islam,
  • les courants gnostiques et ésotériques (alchimie spirituelle, Kabbale, soufisme, franc-maçonnerie),
  • la philosophie des Lumières,
  • etc.

Parmi les figures de sagesse les plus célèbres, citons le Bouddha Gautama, Lao-tseu (fondateur du taoïsme), Confucius, le roi Salomon (Ancien Testament), Pythagore, Socrate ou encore Jésus, et, plus près de nous, Gandhi, Nelson Mandela, Mère Theresa, l’abbé Pierre ou Martin Luther King.

Au-delà de ces grands noms, il existe beaucoup d’hommes sages dans notre monde, qui restent pour la plupart discrets. L’humilité est en effet le fondement de la sagesse.

Entrons dans la définition philosophique de la sagesse.

Lire aussi notre article sur la sagesse du Roi Salomon.

La sagesse : définition philosophique.

Sagesse, définition philosophique : La sagesse (du latin sapere : « avoir du goût », « être perspicace », « comprendre ») est un mode de pensée et de conduite qui vise à une juste connaissance des choses et un juste rapport au monde :

  • sur le plan intellectuel, c’est la recherche du vrai, du beau et du juste,
  • sur le plan moral, c’est la recherche de l’équilibre et de la justice,
  • sur le plan de la relation au autres, c’est la recherche de l’harmonie,
  • sur le plan personnel, c’est une constante remise en question,
  • sur le plan spirituel, c’est un éveil aux grandes lois cosmiques.

La sagesse implique modération, humilité, discernement, bon sens et recherche de la vertu (en tant force morale, inclination au bien). On pourrait la définir comme la science des sciences.

La sagesse : un certain rapport à la vérité.

La sagesse implique un certain rapport à la vérité.

Selon les cas, le sage est décrit comme :

  • celui qui recherche sans cesse la vérité, dépassant toujours ses certitudes, tentant d’aller toujours plus loin,
  • celui qui sait que la vérité est inaccessible (tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien déclare Socrate) ; cette constatation ne doit cependant pas être prise pour un renoncement,
  • celui qui accepte tout raisonnement comme vrai, du moins en partie : c’est une posture d’ouverture, de compréhension et d’acceptation,
  • celui qui cherche la vérité dans les paradoxes, c’est-à-dire dans le dépassement des contradictions apparentes.

Lire aussi notre article : Savoir, connaître, comprendre.

Cultivant le doute, le sage est celui qui comprend qu’il est lui-même le principal obstacle à la vérité, une vérité qui se cache pourtant au fond de lui, puisqu’il fait partie intégrante du monde. La poursuite de la vérité passe donc par la connaissance de soi.

Si tu vois l’illusion, c’est que tu es éveillé. Mais si tu penses être éveillé, c’est que tu es dans l’illusion.
Papaji

Sagesse et connaissance de soi.

L’homme sage sait qu’il doit faire l’effort de toujours mieux se connaître pour progresser dans sa quête de vérité, et s’améliorer dans son rapport aux autres. Il fait sienne cette célèbre inscription gravée sur le fronton du Temple de Delphes : Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux. 

Le sage se méfie de ses perceptions, de ses pensées, de ses réactions et du mécanisme de son ego. Il fuit les préjugés, les certitudes et les évidences. Il ne s’arrête jamais à une idée préconçue.

Le sage n’est pas dupe de lui-même : il sait qu’il est un être déterminé et que son libre-arbitre est très limité ; il comprend qu’il vit la plupart du temps dans l’illusion. Sachant cela, il peut s’ouvrir aux autres et à de nouveaux chemins de compréhension.

Le sage s’observe lui-même, écoute ses réactions, prend du recul sur sa propre personne. Il apprend de son fonctionnement intime. Il reconnaît ses erreurs, il sait se remettre en question : c’est ce qui lui permet de progresser.

Ainsi, la connaissance de soi est l’outil qui permet au sage de lever un à un les voiles qui cachent la vérité et la réalité.

Au final, le sage est en perpétuelle recherche des causes de ce qu’il est : les ayant identifiées, il peut s’affranchir de tout ce qui est contingent pour découvrir en lui ce qu’il y a de plus universel, de plus vrai.

La sagesse : le chemin d’éveil.

La définition philosophique de la sagesse doit être complétée d’une définition spirituelle. Le sage tend en effet à devenir un être éveillé au sens le plus spirituel du terme. Ayant renoncé à son ego, il peut « voir », c’est-à-dire accéder aux mystères de l’univers, comprendre certaines des lois cosmiques fondamentales.

On parle alors d’illumination, de fusion avec le cosmos ou de rencontre avec Dieu, ce dernier étant par définition l’Etre Sage et omniscient.

La sagesse se confond alors avec l’expérience d’un bonheur pur et éternel : c’est l’entrée dans le paradis retrouvé.

La sagesse est de maintenir ses yeux largement ouverts sur l’univers pour en savoir les lois et la loi ; c’est encore de se détacher de la terre et du corps et de se rapprocher de la Toute-Puissance.
Maurice Barrès

La sagesse : définition au quotidien.

Loin d’être uniquement philosophique ou théorique, la sagesse est un comportement du quotidien, une éthique qui se traduit par une attitude toujours prudente, humble et mesurée.

Prudence, mesure, humilité.

Recul, prudence et tempérance caractérisent le comportement de l’homme sage. Ce dernier fuit l’excès et le vice, tout en se refusant à juger les excès et les vices des autres.

La prudence du sage s’accompagne d’une grande tolérance, par laquelle il reconnait qu’une part de la vérité lui échappe.

Face à deux propositions contradictoires, le sage ne choisira aucune, ou tentera la voie du milieu, prévenant ainsi tout risque de dérive ou de fanatisme.

Cette attitude humble et mesurée introduit la principale qualité du sage : la maîtrise de soi.

Pour garder cette maîtrise, le sage peut parfois être tenté de se tenir loin du monde. Mais la véritable sagesse consiste à se tourner vers les autres. Le sage ne se met pas à l’écart ; au contraire, il occupe pleinement sa place dans la société et se confronte aux réalités humaines.

Enfin, la sagesse s’accompagne d’une autre vertu : l’effort. C’est un effort accompli non pas par ambition personnelle, mais précisément pour se libérer de toute ambition : il s’agit d’intégrer un ensemble bien plus grand que sa propre sphère personnelle. Cet effort se double de persévérance.

On le voit, la sagesse consiste non seulement à rechercher le vrai et le bien, mais aussi à l’incarner au quotidien. Tel est son esprit et sa traduction concrète.

Donner l’exemple.

Au quotidien, la sagesse est quelque chose qui se sent et qui se voit. C’est un comportement qui se caractérise par un grand calme et une profonde bienveillance, qui transparaît parfois dans le sourire et les yeux de celui qui l’incarne.

Dans sa relation aux autres :

  • le sage ne juge pas,
  • il n’impose pas sa vision du bien et du mal,
  • il écoute et accueille, préférant le silence aux vaines paroles,
  • il se met à la place de l’autre,
  • il est de bonne volonté et propose son aide,
  • il sait tendre la main, y compris en cas de conflit,
  • il est rassurant,
  • il donne à espérer,
  • par son comportement, il incite au calme et à la paix.

Notons que se comporter en homme sage n’est pas être faible ; c’est aussi savoir trancher et prendre ses responsabilités lorsque cela est nécessaire.

Au final, l’homme sage est celui dont on peut percevoir l’aura : là réside sa force. Il est un être raisonnable, dénué de toute colère ou ironie. A ce titre, il est un exemple pour les autres.

La sagesse : définition biblique.

Dans la Bible et le christianisme, la sagesse peut renvoyer aux Sept vertus théologales et cardinales (foi, espérance, charité ; prudence, tempérance, force, justice) décrites dans la Première épître aux Corinthiens (13, 13).

La sagesse peut encore être assimilée à plusieurs des Sept dons du Saint-Esprit (sagesse, intelligence, science, force, conseil, piété, crainte). A noter que ces dons sont appelés « charismes » (du grec kharisma : « grâce », « faveur »).

La sagesse se retrouve par exemple dans le mode de vie monastique, centré sur la sobriété et la contemplation.

Une définition de la sagesse à travers le poème « Tu seras un homme mon fils » de Rudyard Kipling.

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaitre,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

« Tu seras un homme mon fils » de Rudyard Kipling, traduit en français par André Maurois.

Lire aussi notre article : Les 10 grands secrets spirituels.

Pour aller plus loin :

Couverture les Essentiels de la Spiritualité Adrien Choeur

Qu’est-ce que la spiritualité ? Quel est le but à atteindre ? En quoi consiste la méthode spirituelle ? Quel lien avec la philosophie ?

Ce livre numérique pdf (216 pages) aborde les notions essentielles de la spiritualité à travers 65 textes parus sur JePense.org

Modif. le 17 mars 2024

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