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L’épreuve du passage sous le bandeau

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Qu’est-ce que le passage sous le bandeau ? Comment aborder cette épreuve ? Que symbolise le passage sous le bandeau ?

L’épreuve du passage sous le bandeau est commune à toutes les obédiences maçonniques. Elle est particulière à plus d’un titre.

C’est en effet le seul cas, hormis l’initiation bien sûr, où un (ou une) « profane » peut être introduit dans l’espace sacré (la loge), alors même que les travaux sont en cours.

Le passage sous le bandeau crée un moment particulier, car la loge fonctionne alors de manière un peu différente : le Vénérable Maître/Vénérable Maîtresse donne la parole directement aux frères/sœurs par un simple signe de la main, sans coup de maillet et sans passer par les Surveillants. Ainsi, la discipline n’est plus assurée de la même manière.

D’autre part, le passage sous le bandeau se situe à un moment particulier du processus d’adhésion du profane : les trois enquêtes sont passées, mais l’éventuelle cérémonie d’initiation n’a pas encore été actée. Dans cet entre-deux, le profane est accueilli au cœur des travaux, alors qu’il n’est pas encore certain qu’il sera initié.

Certes, les rapports des enquêteurs ont été lus en loge, et un vote favorable a eu lieu par lequel les frères/sœurs ont décidé de continuer la procédure d’admission. Mais à ce stade, rien n’est fait, et aucun lien n’unit les membres de la loge au profane.

Parce que c’est un moment délicat, il convient de se pencher en détails sur l’épreuve du passage sous le bandeau.

Voir aussi nos articles :

Le passage sous le bandeau : symbolisme.

L’entrée du profane dans l’espace sacré se fait par la porte basse, symbole de l’humilité nécessaire pour accéder à un monde nouveau. Certes, le profane n’a pas la pleine conscience de ce qui se passe. Le bandeau qui lui couvre les yeux l’empêche de bien comprendre ce qu’on lui fait vivre. Or le but n’est pas d’initier, mais de sensibiliser le profane à quelque chose de nouveau.

L’objectif est aussi de savoir si le profane est prêt pour sa nouvelle vie. Accepte-t-il de se soumettre à ce qu’on lui demande ? Quel visage montre-t-il ? Est-il prêt à s’abandonner à lui-même ? A se « déshabiller » ? A subir le feu des questions ? A marcher sur le chemin de la Vérité ?

Le bandeau sur les yeux, le profane est plongé dans le noir, avant-goût du cabinet de réflexion. Il est face à ses pensées, face à lui-même. Il va devoir se montrer tel qu’il est. Il va devoir se dévoiler sans mentir, sans orgueil, sans honte : ainsi le bandeau révèle, le voile dévoile.

L’organisation de la cérémonie du bandeau.

Les Règlements généraux des différentes obédiences ne donnent que peu de détail quant aux modalités d’organisation du passage sous le bandeau.

Il semble donc qu’il revienne à chaque loge d’organiser le passage sous le bandeau selon ses propres modalités.

Pourquoi la tradition du passage sous le bandeau ?

Sur un plan pratique, il s’agit de permettre aux membres de la loge de voir le (ou la) profane, et de lui poser des questions afin d’en savoir plus sur lui et ses intentions. Le bandeau permet aussi de garder les identités secrètes.

Mais que cherche-t-on à savoir exactement ? En réalité, le but est de savoir si le profane pourrait être digne de faire partie de la franc-maçonnerie ou non.

Or la franc-maçonnerie se définit comme une alliance d’hommes et de femmes libres et de bonnes mœurs, de toutes races, de toutes nationalités et de toutes croyances, ayant pour but le perfectionnement de l’humanité et l’amélioration de la condition humaine. En outre, les franc-maçons pratiquent l’aide et l’assistance. Ils recherchent la Vérité, respectent la pensée d’autrui et favorisent la conciliation des contraires. Ils respectent les lois et se comportent comme des citoyens éclairés et disciplinés.

C’est bien cela que la cérémonie du passage sous le bandeau permet de vérifier.

  • Il ne s’agit pas de savoir ce que le profane pense, mais de savoir ce qu’il cherche.
  • Il ne s’agit pas de juger ses opinions ou ses croyances, mais de jauger sa tempérance et sa sincérité.
  • Il ne s’agit pas de l’amener à révéler ses positions politiques, philosophiques ou religieuses, mais de savoir s’il cherche à s’améliorer et à améliorer la condition humaine.
  • Il s’agit moins d’écouter ses réponses que d’essayer de connaître son état d’esprit, son « état d’ouverture ».

Ainsi, les membres accorderont au moins autant d’importance à la manière de répondre du profane qu’au contenu même de ses réponses.

L’esprit du passage sous le bandeau.

Nous le savons, le passage sous le bandeau est une véritable épreuve pour le profane. Ce dernier accepte d’entrer les yeux bandés dans un lieu qu’il ne connaît pas. Il s’en remet aux personnes présentes, accepte de jouer un jeu dans lequel lui-seul prend un risque.

En acceptant cela, il fait un grand pas vers nous, en fait il fait l’essentiel. Les questions qui suivront ne seront qu’accessoires.

Désorienté, impressionné, rendu « humble », le profane ne pourra bien sûr pas raisonner correctement. Il (ou elle) ne pourra répondre qu’avec des mots simples, à des questions simples.

Il ne s’agira pas de mener un interrogatoire, car sa vie et son parcours sont déjà connus. Il ne s’agira pas de procéder à un bizutage, car en acceptant l’épreuve, le profane s’est déjà rendu humble.

D’autre part, l’éthique et le principe de liberté et de protection des droits de la personne humaine impliquent de respecter la vie privée du profane et ne pas profiter de sa position d’infériorité pour lui poser des questions trop intimes, auxquelles il se sentirait obligé de répondre…

Pour continuer la lecture : Les questions posées lors du passage sous le bandeau.

Pour aller plus loin :

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Modif. le 15 février 2024

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