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Le mythe de Prométhée : texte complet (Platon)

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Mythe de Prométhée : texte complet de Platon et résumé. Que contient cette légende ? Qui est Prométhée ?

Le mythe de Prométhée est très ancien. Il apparaît pour la première fois au VIIème siècle avec J-C dans un poème d’Hésiode. Il est repris par Eschyle, et plus tard par Platon et Diogène de Sinope.

Dans la mythologie grecque, Prométhée est un Titan, c’est-à-dire une créature primordiale douée d’une force considérable.

Prométhée est chargé par les dieux de façonner les espèces mortelles, animaux et hommes, et d’attribuer à chacune les qualités appropriées.

Le mythe tel que rapporté par Platon fait apparaître un autre Titan : Epiméthée, frère de Prométhée, qui se voit attribuer la même mission. Epiméthée insiste pour façonner seul les espèces vivantes, demandant à Prométhée de venir vérifier son travail une fois celui-ci terminé.

Epiméthée commet l’erreur d’attribuer toutes les facultés aux animaux, ne laissant rien pour les hommes. Prométhée constatant ce manque, et ne sachant comment doter les hommes, décide de voler aux dieux Héphaïstos et Athéna le feu sacré de la connaissance pour en faire présent aux hommes, afin qu’ils puissent subsister. Il est puni pour cela.

Voici donc le mythe de Prométhée : texte complet de Platon.

Mythe de Prométhée : le texte complet de Platon.

Le texte suivant est issu de l’oeuvre Protagoras (320. 321c) de Platon :

Il fut jadis un temps où les dieux existaient, mais non les espèces mortelles. Quand le temps que le destin avait assigné à la création de ces dernières fut venu, les dieux les façonnèrent dans les entrailles de la terre d’un mélange de terre et de feu et des éléments qui s’allient au feu et à la terre. Quand le moment de les amener à la lumière approcha, ils chargèrent Prométhée et Epiméthée de les pourvoir et d’attribuer à chacun des qualités appropriées. Mais Epiméthée demanda à Prométhée de lui laisser faire seul le partage. « Quand je l’aurai fini, dit-il, tu viendras l’examiner ».

Sa demande accordée, il fit le partage, et, en le faisant, il attribua aux uns la force sans la vitesse, aux autres la vitesse sans la force ; il donna des armes à ceux-ci, les refusa à ceux-là, mais il imagina pour ces derniers d’autres moyens de conservation ; car à ceux d’entre eux qu’il logeait dans un corps de petite taille, il donna des ailes pour fuir ou un refuge souterrain ; pour ceux qui avaient l’avantage d’une grande taille, leur grandeur suffit à les conserver, et il appliqua ce procédé de compensation à tous les animaux. Ces mesures de précaution étaient destinées à prévenir la disparition des races.

Mais quand il leur eut fourni les moyens d’échapper à une destruction mutuelle, il voulut les aider à supporter les saisons de Zeus ; il imagina pour cela de les revêtir de poils épais et de peaux serrées, suffisantes pour les garantir du froid, capables aussi de les protéger contre la chaleur et destinées enfin à servir, pour le temps du sommeil, de couvertures naturelles, propres à chacun d’eux ; il leur donna en outre comme chaussures, soit des sabots de cornes, soit des peaux calleuses et dépourvues de sang, ensuite il leur fournit des aliments variés suivant les espèces, aux uns l’herbe du sol, aux autres les fruits des arbres, aux autres des racines ; à quelques-uns même il donna d’autres animaux à manger ; mais il limita leur fécondité et multiplia celle de leur victime pour assurer le salut de la race.

Cependant Epiméthée, qui n’était pas très réfléchi avait sans y prendre garde dépensé pour les animaux toutes les facultés dont il disposait et il lui restait la race humaine à pourvoir, et il ne savait que faire. Dans cet embarras, Prométhée vient pour examiner le partage ; il voit les animaux bien pourvus, mais l’homme nu, sans chaussures, ni couvertures ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l’amener du sein de la terre à la lumière. Alors Prométhée, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’homme le moyen de se conserver, vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu ; car, sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il en fait présent à l’homme. L’homme eut ainsi la science propre à conserver sa vie ; mais il n’avait pas la science politique ; celle-ci se trouvait chez Zeus et Prométhée n’avait plus le temps de pénétrer dans l’acropole que Zeus habite et où veillent d’ailleurs des gardes redoutables. Il se glisse donc furtivement dans l’atelier commun où Athéna et Héphaïstos cultivaient leur amour des arts, il y dérobe au dieu son art de manier le feu et à la déesse l’art qui lui est propre, et il en fait présent à l’homme, et c’est ainsi que l’homme peut se procurer des ressources pour vivre. Dans la suite, Prométhée fut, dit-on, puni du larcin qu’il avait commis par la faute d’Epiméthée.

Quand l’homme fut en possession de son lot divin, d’abord à cause de son affinité avec les dieux, il crut à leur existence, privilège qu’il a seul de tous les animaux, et il se mit à leur dresser des autels et des statues ; ensuite il eut bientôt fait, grâce à la science qu’il avait d’articuler sa voix et de former les noms des choses, d’inventer les maisons, les habits, les chaussures, les lits, et de tirer les aliments du sol. Avec ces ressources, les hommes, à l’origine, vivaient isolés, et les villes n’existaient pas ; aussi périssaient-ils sous les coups des bêtes fauves toujours plus fortes qu’eux ; les arts mécaniques suffisaient à les faire vivre ; mais ils étaient d’un secours insuffisant dans la guerre contre les bêtes ; car ils ne possédaient pas encore la science politique dont l’art militaire fait partie. En conséquence ils cherchaient à se rassembler et à se mettre en sûreté en fondant des villes ; mais quand ils s’étaient rassemblés, ils se faisaient du mal les uns aux autres, parce que la science politique leur manquait, en sorte qu’ils se séparaient de nouveau et périssaient.

Alors Zeus, craignant que notre race ne fut anéantie, envoya Hermès porter aux hommes la pudeur et la justice pour servir de règles aux cités et unir les hommes par les liens de l’amitié. Hermès alors demanda à Zeus de quelle manière il devait donner aux hommes la justice et la pudeur. « Dois-je les partager comme on a partagé les arts ? Or les arts ont été partagés de manière qu’un seul homme, expert en l’art médical, suffît pour un grand nombre de profanes, et les autres artisans de même. Dois-je répartir ainsi la justice et la pudeur parmi les hommes ou les partager entre tous ? » – « Entre tous, répondit Zeus ; que tous y aient part, car les villes ne sauraient exister, si ces vertus étaient comme les arts, le partage exclusif de quelques-uns ; établis en outre en mon nom cette loi que tout homme incapable de pudeur et de justice sera exterminé comme un fléau de la société ».

Voilà comment, Socrate, et voilà pourquoi et les Athéniens et les autres, quand il s’agit d’architecture ou de tout autre art professionnel, pensent qu’il n’appartient qu’à un petit nombre de donner des conseils, et si quelque autre, en dehors de ce petit nombre se mêle de donner un avis, ils ne le tolèrent pas, comme tu dis, et ils ont raison selon moi. Mais quand on délibère sur la politique où tout repose sur la justice et la tempérance, ils ont raison d’admettre tout le monde, parce qu’il faut que tout le monde ait part à la vertu civile ; autrement il n’y a pas de cité.

Traduction Emile Chambry.

Mythe de Prométhée : résumé.

Le mythe de Prométhée tel que présenté dans ce texte de Platon offre une vision particulière de la célèbre légende grecque.

Voici un résumé du texte du mythe de Prométhée :

  • Le temps est venu pour les dieux de façonner les espèces mortelles (hommes et animaux), ce qu’ils font avec du feu et de la terre.
  • Les dieux chargent ensuite les Titans Prométhée et Epiméthée de pourvoir chaque espèce en qualités appropriées.
  • Epiméthée demande à Prométhée de lui laisser accomplir cette tâche : « Quand j’aurai fini, tu viendras l’examiner ». Prométhée accepte.
  • Epiméthée se montre rigoureux dans sa tâche : il attribue des qualités et des caractéristiques à chaque espèce en se souciant des possibilités de survie de chacune, garantissant l’harmonie et l’équilibre naturel.
  • Une fois le travail terminé, Prométhée et Epiméthée s’aperçoivent qu’il ne reste plus de qualités à attribuer à l’espèce humaine, ce qui les met dans l’embarras.
  • Prométhée décide alors de voler à Héphaïstos (dieu du feu) et à Athéna (déesse de la sagesse) le feu sacré de la connaissance (permettant la maîtrise des arts, des sciences et des techniques) pour en faire présent aux hommes. Il est puni par les dieux pour cela. A noter que selon certaines légendes, Zeus condamne Prométhée à être enchainé à un rocher sur le mont Caucase, son foie dévoré chaque jour par l’Aigle du Caucase.
  • Les hommes possédant désormais une part de connaissance divine, ils peuvent subsister et se mettent à vénérer les dieux. Mais n’étant pas encore assez forts face aux autres espèces, ils décident de fonder des villes pour leur sécurité. Or ils ne disposent pas encore de la science politique, ce qui met leur existence à péril.
  • Constatant ce manque, Zeus envoie Hermès porter aux hommes la connaissance politique, c’est-à-dire l’art de vivre ensemble.
  • Alors que la connaissance des arts est attribuée à quelques individus seulement, la connaissance politique est donnée à tous les hommes sans exception, afin qu’ils puissent vivre en paix.

Lire aussi notre article : Le mythe de Prométhée, explication.

Modif. le 29 septembre 2021

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