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Le logos : définition philosophique et religieuse

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Qu’est-ce que le logos ? Définition philosophique et métaphysique. En quoi le logos, le verbe ou la parole éclairent-ils la nature de Dieu ? Comment accéder au logos ?

Logos en grec ancien est synonyme de « parole » ou de « raison ». Il s’agit d’une notion centrale en philosophie, en métaphysique et en théologie.

Dans la Grèce antique, le logos est opposé au muthos (ou mythos) qui est l’opinion fausse, la rumeur ou le mythe.

Sur le plan religieux, le logos évoque le prologue de l’Evangile selon Saint-Jean : Au commencement était le logos, souvent traduit par le « Verbe » ou la « parole ».

On distingue généralement :

  • le logos humain en tant que discours basé sur la raison,
  • et le logos divin en tant que parole de Dieu.

On peut aussi parler d’un troisième logos, qui serait la raison humaine fusionnant avec le Verbe divin, pour donner naissance à l’être éveillé.

Tentons de donner une définition du logos.

Le logos : définition philosophique

Dans la philosophie de la Grèce antique, le logos désigne la parole en tant que discours rationnel ou pensée juste. A noter que le mot « logique » dérive du grec ancien « logos ».

Les platoniciens ont donné une dimension supérieure au logos en l’assimilant à la vérité, à la sagesse, à la raison suprême et aux idées éternelles. Le logos exprime alors la loi universelle. Le discours logique et raisonnable est celui qui se conforme à cette loi universelle : le logos est ce qui fait le lien entre l’âme et l’esprit, c’est-à-dire entre la raison en l’homme et la loi divine.

Par extension, le logos est le discours qui exprime l’ordre et le sens du monde, ou tout simplement qui est l’expression de la connaissance de la vérité.

Pour les stoïciens, le logos est Dieu en tant que principe déterminant toutes choses : l’univers est une succession de causes logiques qui déterminent notre condition, et que nous devons comprendre et accepter.

De manière générale, on peut définir le logos comme une sorte d’intermédiaire entre Dieu et le monde, un pont entre le divin et l’humain. C’est le plan divin intelligible qui sous-tend la Création.

Le logos est parfois associé à la loi des nombres.

Le logos et Dieu : définition théologique

Dans la théologie chrétienne, le logos peut renvoyer à la parole de Dieu, au texte sacré (la Bible), et surtout au Christ et son message. Le Christ est Dieu fait homme : il diffuse la parole divine, discours d’Amour.

Le logos est donc l’expression accessible, intelligible, de la pensée de Dieu. C’est la « semence de Dieu », la Vérité.

Dans la plupart des courants du christianisme, le logos constitue la deuxième personne de la Trinité : le Fils Jésus-Christ.

Le logos ne doit pas être confondu avec le Saint-Esprit, troisième personne de la Trinité, qui fait le lien entre le Père et le Fils, entre celui qui engendre et celui qui est engendré. Le Saint-Esprit est le souffle divin, la puissance de Dieu, son énergie vitale. Rappelons que la Trinité est l’essence unique de Dieu en trois personnes indissociables et non hiérarchisées.

Le prologue de l’Evangile selon Saint-Jean donne une définition précise du logos (traduit ci-après par le « Verbe ») :

  1. Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu.
  2. Il était au commencement en Dieu.
  3. Tout par lui a été fait, et sans lui n’a été fait rien de ce qui existe.
  4. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes,
  5. Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
  6. Il y eut un homme, envoyé de Dieu ; son nom était Jean.
  7. Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui :
  8. non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière.
  9. La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde.
  10. Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l’a pas connu.
  11. Il vint chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu.
  12. Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom,
  13. Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu sont nés.

Voici d’autres versets bibliques qui comportent le terme « logos » :

  • Voici ce que signifie cette parabole : la semence, c’est la parole de Dieu. Luc 8, 11
  • Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Jean 14, 23

Dans la version initiale du Nouveau Testament rédigée en grec, un autre mot est parfois employé pour dire « parole » : c’est rhema. Logos et rhema ont un sens légèrement différent. Rhema est notamment utilisé lorsque Jésus communique sa parole directement à un adepte, répondant à une question précise, dans un contexte précis.

Le logos : symbolisme et interprétation

Le logos est souvent associé :

  • à la lumière : elle fait le lien entre Dieu et l’Homme. Elle permet de voir, elle éclaire la réalité, elle est chaleur et Amour. Dans le prologue de l’Evangile selon Saint-Jean, le logos est lumière et vie. La lumière se pose sur tout homme, lui donnant potentiellement accès à la compréhension et à la vie éternelle, pour peu qu’il y soit prêt,
  • au cercle : il symbolise le domaine de la pensée, ou encore le plan divin dévoilé dans sa perfection et son unité,
  • ou encore au rayon du cercle : il part du centre du cercle (l’inconnaissable) pour s’étirer vers la périphérie (l’Homme, le cosmos), tel un rayon de soleil.

Nous l’avons vu, le logos est la parole divine intelligible, c’est-à-dire accessible et compréhensible. Mais « compréhensible » ne veut pas dire « comprise » : La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

Le Verbe nécessite en effet d’être reçu, compris, accepté, intériorisé.

Lire la Bible, ou n’importe quel texte sacré, n’est pas suffisant. Il faut produire un effort pour accéder à la vérité, sans quoi le logos restera une « parole perdue ».

Le logos et la quête de la parole perdue

La parole perdue (thème central en franc-maçonnerie) est le Verbe qui n’a pas été reçu, qui n’a pas été compris, qui n’a pas été correctement interprété.

En effet, recevoir la parole nécessite non pas une intelligence supérieure, mais une volonté personnelle de s’ouvrir, de lâcher-prise. Il s’agit d’abandonner ses illusions, ses préjugés, son orgueil, son ambition. Il s’agit de mourir à soi-même de plusieurs morts pour enfin voir l’évidence.

Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même et qu’il me suive. Matthieu 16, 24

Toute parole est faite de mots, donc de dualité. Mais il y a des paroles qui rassurent, qui unissent, qui aiment. C’est en ce sens qu’il faut recevoir le Verbe divin.

Le but est de nous laisser pénétrer par l’intuition, ce phénomène qui ressemble à une fenêtre qu’on laisse s’ouvrir en nous pour laisser passer l’étincelle de lucidité. C’est permettre à notre âme de communiquer avec le divin.

Cette démarche nous amènera à trouver dans le logos le secret de la Vie éternelle et de l’Amour.

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Modif. le 17 mars 2024

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