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L’homme est-il responsable de ses actes ?

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L’homme est-il responsable de ses actes ? L’homme est-il maître de sa vie ? Peut-il maîtriser son destin ? Analyse philosophique.

L’homme est un être conscient de lui-même et de ses actes.

Dans notre société comme dans la plupart des sociétés, l’homme est considéré comme responsable de ses actes, pour peu qu’il soit majeur et en pleine possession de ses facultés mentales. Il est libre de ses actions mais doit respecter la loi. L’homme qui respecte la loi est dans le bien ; celui qui ne la respecte pas commet le mal ou l’injustice et doit être sanctionné pour cela.

Pourtant, les choses semblent plus compliquées que ce qui vient d’être exposé. Certains délinquants ou criminels sont jugés irresponsables, bénéficient de circonstances atténuantes, ou sont même relaxés, cela pour des raisons tenant au contexte, au passé de l’individu, à ses passions, à son mobile, à ses mauvaises conditions de vie, ou encore à son faible niveau d’éducation.

On le voit, la question de la responsabilité est aussi celle des déterminismes, du libre-arbitre et de la liberté. C’est aussi celle du bien et du mal.

Voyons si l’homme est réellement responsable de ses actes.

L’homme est-il responsable de ses actes ?

Au quotidien, nous avons la sensation d’être libres : notre libre-arbitre fait que nous sommes responsables de nos actes.

En réalité, notre libre arbitre se voit largement limité et contraint par un grand nombre de facteurs inconscients ou subconscients, parmi lesquels :

  • l’origine,
  • l’éducation,
  • la culture,
  • le groupe social, les relations, les rencontres,
  • le passé et le vécu,
  • les conditions de vie,
  • les circonstances,
  • les caractéristiques psychologiques (ça, moi, surmoi, idéal de moi, soi…),
  • les prédispositions et l’héritage génétique (instincts…),
  • etc.

Autant de facteurs qui influencent fortement notre raisonnement, nos décisions et notre comportement.

Ainsi, celui qui comment un crime est pris dans un ensemble de causes qui font qu’il ne pouvait pas faire autrement que d’agir comme il a agi. Les facteurs qui l’ont poussé à passer à l’acte ont été plus forts que ceux qui auraient pu le retenir (morale, loi, interdictions…).

La conséquence directe de cette idée est que la notion de mal s’efface.

Pour Socrate (et plus tard Spinoza), le mal n’existe pas, puisque celui qui commet le mal est par définition soumis, inconscient ou ignorant : personne ne fait le mal par choix ou par plaisir (le plaisir peut toutefois être présent en cas de trouble mental).

Cette vision conduit à cultiver la tolérance, la compassion, et l’amour. Il s’agit de comprendre et d’aider, plutôt que rejeter, punir et haïr.

De même, la plupart des religions insistent sur la miséricorde et le rachat des péchés :

  • Dans le christianisme, le pardon a une grande importance : Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23, 34). Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre (Jean 8, 7).
  • Dans le Coran, le pardon est présent de la même manière : Qu’ils pardonnent et qu’ils tournent la page ! N’aimez-vous point vous-mêmes que Dieu vous absolve ? (chapitre 24, verset 22).
  • Enfin, le bouddhisme nous invite à réaliser que le sentiment de haine est absurde. Ceux qui nous font du tort le font parce qu’ils n’ont pas de libre-choix. On ne doit donc pas se formaliser des propos d’un ivrogne ou d’un fou. Au quotidien, notre but doit être de libérer tous les êtres de la souffrance : c’est la compassion. A noter que la haine fait partie des Trois Poisons du bouddhisme.

La loi et la morale.

Tolérer, comprendre et aimer est sans doute le meilleur comportement à adopter.

Mais ça n’est pas parce que l’homme est « déterminé » qu’on doit, par bienveillance, le laisser faire ce qu’il veut. La loi et la morale existent pour fixer des limites et garantir l’ordre social. Le débat démocratique, l’information ou l’instruction civique sont des moyens d’expliquer la loi, d’éduquer la population et de prévenir des conséquences qu’il y aurait à violer la loi.

La condamnation sanctionne les contrevenants et fournit un exemple à ceux qui pourraient avoir de mauvaises intentions : elle est nécessaire.

Pourtant, la morale a ses propres limites : elle n’est pas toujours comprise, elle est parfois inopérante. Elle ne garantit pas toujours un ordre social stable. De même, la Justice est souvent contestée.

Au final, la société doit trouver un équilibre entre d’un côté la loi qui doit être appliquée, et de l’autre le nécessaire humanisme qui consiste à écouter, comprendre, aider, soigner, éduquer.

Seul le sage est réellement responsable de ses actes.

Nous avons vu que l’individu est le résultat d’un ensemble de causes et de déterminismes. Mais il ne faut pas oublier qu’il est aussi la cause de lui-même : il a donc une part directe de responsabilité. Pour développer cette part directe de responsabilité, l’individu doit faire l’effort de mieux se connaître : c’est ce que l’on appelle devenir sage.

Ici, la sagesse consiste à développer une conscience approfondie de ses actes, de leur causes et de leur conséquences :

  • pourquoi ai-je envie d’agir ainsi ? quels sont mes déterminismes ?
  • quelles pourraient être les conséquences de mes choix, à plus ou moins long terme ?

Le sage cherche ainsi à mieux se connaître. Il découvrira peut-être qu’il n’est pas libre de ses choix, car conditionné, mais paradoxalement cela pourrait le mener à la libération : libération de son ego et de ses illusions. De plus, l’acceptation des choses telles qu’elles sont fera disparaître la souffrance et la haine.

Au quotidien, le sage agira naturellement de manière mesurée et empathique. Il sortira de ses jugements et tentera de relever celui qui a mal agi.

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Modif. le 20 mai 2022

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