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La gnose : définition et origine

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La gnose : définition et différence avec le gnosticisme. Quelle est l’origine de la gnose ? Qu’est-ce que la gnose maçonnique ? 

La gnose (du grec gnosis : connaissance) rassemble un grand nombre de courants philosophiques et religieux dont le but est l’acquisition d’une connaissance supérieure par une approche initiatique.

La gnose a traversé toutes les époques et toutes les religions, elle est encore vivante aujourd’hui.

La gnose universelle doit être distinguée du gnosticisme, qui désigne un ensemble de doctrines chrétiennes sectaires présentes dans l’Empire romain entre le Ier et le IIème siècles, et rejetées par l’Eglise.

Tentons de donner une définition de la gnose.

La gnose : définition.

Définition : La gnose est une approche philosophique et religieuse selon laquelle le salut passe par la connaissance directe des choses divines, donc de soi-même.

La gnose peut donc être définie comme la connaissance intégrale de la vérité, acquise non pas par l’accumulation de savoirs, mais par une révélation intime, une illumination qui transcende toutes les illusions.

Lire aussi notre article : La connaissance : définition philosophique et ésotérique.

Une autre définition de la gnose pourrait être : Ensemble des méthodes et des disciplines ésotériques par lesquelles chacun peut accéder à la vérité supérieure et universelle.

La gnose considère que tout homme peut percevoir Dieu en lui, et ainsi devenir Lumière, et donc obtenir la vie éternelle.

La gnose s’apparente parfois au mysticisme, avec les dérives que cela peut éventuellement comporter.

Remarque : En grec, gnosis signifie connaissance. Pour Platon, la gnosis est aussi la science, la prudence et la sagesse, et le gnostiké est l’art de connaître, par opposition au pratiké.

Gnose et ésotérisme.

La gnose est indissociable de l’ésotérisme : la connaissance est communiquée par l’initiation.

Le mot ésotérisme, du grec esoteros (« intérieur »), traduit à la fois l’importance de l’initiation, et aussi le fait que la compréhension ne peut venir que de l’intérieur. 

Ainsi la gnose procède d’un enseignement secret dont le but est de mettre l’initié sur la voie. Mais cet enseignement n’est pas suffisant : l’effort décisif ne pourra venir que du cherchant lui-même, s’il y est prêt. L’initié devra plonger en lui pour ôter ses voiles et trouver les ultimes réponses au mystère de l’existence.

La gnose est donc largement adogmatique : elle s’éloigne des dogmes, du catéchisme et des vérités « révélées ». C’est le cas par exemple de la gnose maçonnique.

En quoi consiste la gnose ? Définition pratique.

La gnose, en tant que chemin de connaissance universel, est d’abord une invitation à plonger en soi-même afin d’y trouver une étincelle de lumière divine, étincelle qui éclairera la totalité de l’existence.

C’est l’idée qu’il faut se connaître pour comprendre le monde, car la vérité se cache au fond de soi, aux confins de la matière.

La gnose consiste à abandonner ce que l’on croyait savoir pour accéder à de nouvelles formes de conscience et de connaissance. Il s’agit de mourir progressivement à nos certitudes, à nos croyances et à nos illusions : illusion que nous sommes autonomes, que nous sommes libres, que nous comprenons les choses, que nous pouvons tout juger. La gnose est donc un chemin de dépouillement.

La gnose est enfin la promesse d’entrer dans un monde d’acceptation, de sérénité, de bonheur et d’amour. Ce monde est le Royaume de Dieu, ou encore le nirvana bouddhiste.

Gnose et gnosticisme : définition et différence.

Le gnose est une approche philosophique et religieuse universelle qui a traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous, en prenant différentes formes.

La gnose doit être distinguée du gnosticisme, qui est un mouvement de pensée développé par des sectes d’inspiration chrétienne entre le Ier et le IIIème siècles ; Simon le Magicien, mage chrétien, en serait l’un des fondateurs.

Le gnosticisme développe une idéologie clairement dualiste : il existerait un dieu du bien, lointain, et un dieu du mal régnant sur la Terre. Le but de l’homme serait de se libérer du monde terrestre pour rejoindre le paradis. Le gnosticisme rejette la matière, considérée comme le mal absolu. Or ce dualisme irréconciliable entre matière et esprit ne doit pas être assimilé à la gnose.

Le gnosticisme est par ailleurs incompatible avec le dogme chrétien : les adeptes du gnosticisme et du dualisme manichéen ont été rapidement considérés comme hérétiques par l’Église.

A la différence du gnosticisme, la gnose implique un effort moral, une transformation intime pour s’élever vers Dieu et la Connaissance. Cet aspect est un peu moins présent dans le gnosticisme dualiste, qui fonctionne de manière plus binaire.

Mais il serait artificiel d’opposer totalement gnose et gnosticisme, et on peut dire que la plupart des courants gnostiques relèvent de la gnose au sens large.

Gnose maçonnique, païenne, chrétienne, islamique… : les différents types.

Beaucoup de courants initiatiques peuvent être rangés dans la « gnose ». Celle-ci prend essentiellement racine dans l’Egypte antique, la Grèce, la Perse et la Palestine, pour s’épanouir ensuite dans le monde chrétien.

Réduire la gnose à une nébuleuse de courants chrétiens serait une erreur : la gnose dépasse largement les limites de cette religion.

Tentons de lister les différents courants de la gnose :

  • les cultes de l’Egypte antique,
  • les cultes à mystères de l’Antiquité grecque et romaine (ensemble de religions ésotériques),
  • la secte pythagoricienne,
  • le platonisme,
  • la gnose christique : le message de Jésus a en effet été considéré comme « gnostique » par de nombreuses sectes dans les premiers siècles de notre ère,
  • le manichéisme perse,
  • la gnose chrétienne développée par les théologiens de l’Eglise,
  • la gnose juive, ou kabbale,
  • l’hermétisme chrétien et l’alchimie,
  • la gnose islamique,
  • le catharisme : les cathares, manichéens jugés hérétiques par l’Eglise, voyaient dans le Christ le messager du dieu-bon venu sur Terre (monde du mal et de la souffrance) pour diffuser un message d’Amour et d’espérance. Les cathares rejetaient l’Ancien Testament, oeuvre du Diable, pour s’intéresser uniquement au Nouveau Testament et à Jésus,
  • les Rose-Croix (gnose d’inspiration chrétienne),
  • la franc-maçonnerie, ou gnose maçonnique,
  • le martinisme,
  • etc.

Dans l’Islam, la gnose est intimement liée au soufisme, courant mystique de recherche et d’expérimentation de la connaissance révélée au cœur du cherchant.

Les Soufis : ils sont sans livres, sans études, sans érudition
Mais ils ont poli leurs cœurs
Les ont purifiés du désir, de la cupidité, de l’avarice et de la haine.
Cette pureté du miroir est certes le cœur reflétant toutes images,
L’entendement ici devient silence pour n’induire erreur
Car le cœur est Avec Dieu, ou plutôt le cœur est LUI.
Ceux au cœur poli ont échappé aux parfums et aux couleurs,
Ils contemplent la beauté de chaque instant,
Ils ont abandonné la forme et l’écorce du savoir,
Ils ont tenu l’essence dans l’océan de la connaissance mystique.
Jalal-ud-Din Rûmî, poète persan et fondateur de l’école soufie des Derviches tourneurs

Peut-il y avoir une gnose au sein de l’Eglise catholique ?

L’Eglise a très tôt rejeté le gnosticisme et la gnose, en particulier la gnose maçonnique, préférant le salut par la foi au salut par la connaissance.

Certains théologiens catholiques ont cependant développé une gnose chrétienne compatible avec les dogmes de l’Eglise.

Pour les catholiques traditionalistes, il ne peut y avoir de gnose chrétienne. Ces derniers considèrent en effet la religion chrétienne comme exotérique (non-ésotérique), c’est-à-dire une religion ouverte à tous, et non seulement aux initiés.

Les textes gnostiques.

Voici quelques exemples de textes gnostiques :

  • Les papyrus égyptiens : Textes des pyramides, Textes des sarcophages, Livre des morts,
  • Les vers d’or de Pythagore,
  • Les parchemins des nécropoles égyptiennes retrouvés au XIXème et XXème siècle, en particulier à Nag Hammadi ; la plupart sont considérés comme des évangiles apocryphes. Parmi eux, citons :
  • L’évangile selon Saint-Jean : parfois considéré comme gnostique, du fait de son style qui tranche avec les trois premiers évangiles,
  • La Table d’Émeraude d’Hermès Trismégiste, et le Corpus Hermeticum,
  • Le Tao Te King de Lao Tseu,
  • etc.

L’importance de la gnose maçonnique : la « connaissance intégrale de la Vérité ».

« Ici sont les arcanes de la gnose » est une phrase présente dans certains rituels maçonniques, qui signifie : « ici sont les secrets de la connaissance ».

L’esprit de la franc-maçonnerie, initiatique, adogmatique, introspectif, est typiquement gnostique.

Pour le franc-maçon, la gnose est la Connaissance sacrée ; sa recherche consiste à utiliser tous les moyens d’accéder aux mystères de l’être et du cosmos.

La gnose est un chemin qui consiste, non pas à accumuler des savoirs, non pas à cultiver une foi, mais à tendre vers une forme de sagesse unitaire et humaniste, qui permet au cherchant de se révéler et de s’accomplir dans la fusion avec le Principe.

La gnose maçonnique est une quête spirituelle qui s’effectue à l’aide de symboles.

La gnose est notamment présente à travers la lettre G figurée au sein de l’étoile flamboyante (2ème degré du rite), ou entre le compas et l’équerre.

A noter enfin qu’au 28ème degré du REAA (Rite Écossais Ancien et Accepté) sont énoncées les « Sept Vérités Gnostiques » :

  1. Il existe un principe premier, impensable, inconnaissable, impénétrable, pénétrant l’Univers dans tous ses plans.
  2. La vie humaine n’est qu’un point dans l’éternité.
  3. L’harmonie universelle résulte de la complémentarité des contraires.
  4. L’absolu est l’esprit existant par lui-même.
  5. Le visible n’est que la manifestation de l’invisible.
  6. Le mal, le malheur et la misère sont inséparables de la condition humaine.
  7. L’analogie est l’unique clé de la nature.
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Modif. le 11 mars 2024

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