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La fête de l’Épiphanie et son symbolisme

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La fête de l’Épiphanie : quel est son symbolisme ? Quel sens païen et chrétien ? Quelle signification profonde ? D’où vient la tradition de la galette des rois ?

L’Épiphanie est une fête chrétienne qui a normalement lieu le 6 janvier et qui célèbre la manifestation de l’Enfant-Jésus aux rois mages venus pour l’adorer.

Le mot « Épiphanie » est issu du grec ancien epiphaneia qui signifie « manifestation, apparition ». Il s’agit de la manifestation de Dieu sur Terre par l’intermédiaire de Jésus, ou dans son sens plus ancien et païen, de la manifestation de la lumière. A l’origine, l’Épiphanie est en effet la fête du retour de la lumière, en lien avec le solstice d’hiver.

Plus précisément, l’Épiphanie trouve ses racines dans la fête romaine des Saturnales, donnée en l’honneur du dieu Saturne. Cette fête durait toute la semaine précédant le jour du solstice d’hiver, et se concluait par la fête de la naissance du Sol Invictus (le Soleil Invaincu).

Lors des Saturnales, les barrières sociales étaient abolies. Maîtres et esclaves s’amusaient à inverser leurs rôles. Des jeux consistaient à élire le « prince » ou le « roi » du festin : c’est l’origine de l’expression « tirer les rois », aujourd’hui associée à la galette des rois. Au temps de la Rome antique, des fèves blanches et noires étaient utilisées pour voter. Les mêmes fèves étaient cachées dans des gâteaux, dont les parts étaient attribuées aux convives par un enfant de la maison.

Dans son sens chrétien, l’Épiphanie s’inscrit dans le cadre de la Nativité. On a donc deux fêtes de nature identique, Noël et l’Épiphanie, séparées de 12 jours. Noël est la naissance du Messie, alors que l’Épiphanie correspond à la manifestation de Jésus aux païens, sorte de dévoilement.

Entrons plus en détails dans la fête de l’Épiphanie et son symbolisme.

Le récit de l’Épiphanie selon la Bible

Le récit de l’Épiphanie figure dans le chapitre 2 de l’Evangile de Matthieu :

1) Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem,
2) et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.
3) Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. (…)
7) Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait.
8) Puis il les envoya à Bethléem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.
9) Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta.
10) Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie.
11) Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12) Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Les mages (du grec magoï : « sage ») sont des savants, des prêtres, des astrologues ou des devins.

Le Nouveau Testament ne précise pas leur nombre ni même leur nom. Mais la tradition de la littérature antique les nomme Gaspard, Melchior et Balthazar. Ils sont donc trois, chiffre qui évoque la réconciliation de la dualité dans l’unité, donc la perfection, ou encore les trois branches de la philosophie : logique, physique et éthique.

Les rois mages sont, comme leur nom l’indique, à la fois symboles de sagesse et de royauté. Ils représentent les personnages les plus instruits de l’humanité.

Selon la légende, les rois mages proviennent de différentes régions du globe : Inde, Perse et Arabie, ou bien Asie, Europe et Afrique. Leur présence auprès de l’Enfant-Jésus prend donc un caractère universel, le Christ ayant vocation à régner sur tous les peuples du monde, y compris les non-Juifs.

Notons que Balthazar est traditionnellement représenté sous les traits d’un homme noir.

Les rois mages offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or évoque la royauté de Jésus, l’encens sa divinité (l’encens est utilisé par les prêtres comme symbole de l’âme qui rencontre Dieu), la myrrhe son caractère terrestre (la myrrhe était utilisée pour embaumer les morts).

Notons que l’Enfant-Jésus est aussi adoré par les bergers (chapitre 2 de l’Evangile de Luc). Ainsi, ce sont à la fois les plus pauvres et les plus grands qui viennent se prosterner devant le nouveau Roi des Juifs.

Le symbolisme de l’Épiphanie : interprétation

L’Épiphanie véhicule plusieurs sens symboliques, les significations païenne et chrétienne pouvant se recouper.

L’adoration du Roi-Lumière

L’Épiphanie célèbre le retour de la lumière du Soleil : les jours commencent véritablement à rallonger le 6 janvier, quelques jours après le solstice d’hiver.

Jésus peut lui-aussi être associé à la lumière du Soleil : il incarne le feu spirituel qui vient éclairer les consciences. Son arrivée sur Terre ouvre une ère nouvelle, remplie d’espoir.

Les Rois mages viennent se prosterner devant cette lumière incarnée. Mais le chemin a été long et difficile pour parvenir jusqu’à l’Enfant-Jésus : ne connaissant pas le lieu de sa naissance, les mages ont dû se laisser guider par une mystérieuse étoile, qui peut symboliser l’intuition. Le voyage des Rois mages évoque donc une quête intérieure.

Mais parfois, la lumière se trouve juste devant nous : les bergers, eux, n’ont pas eu à faire un long chemin pour voir l’Enfant-Roi. Cela signifie peut-être que la simplicité du coeur est le plus court chemin jusqu’à Dieu.

Remarque : Le mot épiphanie peut aussi désigner la compréhension soudaine d’une chose, dans le sens d’une « illumination ».

Enfin, notons que la forme circulaire de la galette des rois évoque le Soleil. Le cercle représente aussi le domaine de l’esprit et du divin.

Le symbolisme de l’Épiphanie : l’universalisme et la paix

Le cercle qui se déploie évoque le caractère universel de la lumière d’Amour qui se pose sur tous les hommes sans distinction.

De même, les Rois mages, originaires des trois continents connus, représentent l’humanité dans son ensemble, au-delà des différences géographiques et raciales. Le Messie se manifeste de manière universelle.

Enfin, lors de la fête romaine des Saturnales, maîtres et esclaves étaient à égalité, le « roi » du festin ne pouvant être désigné que par le hasard, qui n’est autre que Dieu lui-même.

Les cycles de la Nature, l’éternel retour, le chiffre 12

Nous l’avons dit, l’Épiphanie célèbre le retour de la lumière solaire, désormais bien visible quelques jours après le solstice d’hiver. C’est aussi le retour de la vie : l’Épiphanie annonce la renaissance de la Nature et l’arrivée du printemps. Lors des Saturnales, les Romains décoraient leurs maisons avec du houx, du gui ou du lierre.

L’Épiphanie est donc indissociable des cycles, dont le symbolisme est étroitement lié au chiffre 12.

En effet, 12 jours séparent Noël de l’Épiphanie : un écart dû aux différences de calendrier au sein de l’Empire romain, certains peuples fêtant la naissance du Sol Invictus 12 jours après Rome. Ce délai peut être vu comme le temps de la maturation du Soleil. Ces 12 jours rappellent bien sûr les 12 mois de l’année et le cycle de la vie.

C’est donc le temps nécessaire à la transformation, le temps de la concentration, de la préparation, un temps de trêve, un temps intérieur avant le redémarrage de la vie.

Enfin, « Épiphane » est le surnom que l’on donnait aux 12 dieux de l’Olympe dans l’Antiquité grecque.

Lire aussi notre article sur le symbolisme de Noël

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Modif. le 4 avril 2024

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