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La conscience : définition philosophique

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La conscience : définition philosophique simple. Qu’est-ce que la conscience ? Est-elle le propre de l’Homme ?

L’univers est une machine à faire de la conscience.
Hubert Reeves

La conscience est un phénomène très difficile à comprendre, un objet insaisissable, un véritable problème philosophique.

Pour les scientifiques, la conscience concerne seulement les êtres possédant une activité cérébrale. La conscience concerne alors la capacité d’un individu à appréhender son individualité (c’est la conscience de soi). Cette approche semble imparfaite, car il existe peut-être d’autres formes de conscience capables de régir la vie à un autre niveau. On sait par exemple que les arbres interagissent avec leur environnement, communiquent entre eux, et sont donc doués d’une certaine forme d’intelligence voire de conscience non-individualisée…

Il faut donc être très prudent lorsqu’on évoque la conscience, et si possible éviter d’établir une hiérarchie entre les différentes formes de conscience.

Tentons d’approcher et de définir la conscience.

La conscience : définition philosophique

Définition : Traditionnellement, la conscience est définie comme la connaissance qu’un être vivant a de son existence et du monde qui l’entoure.

Pour accéder à cette connaissance, la conscience permet de synthétiser et d’analyser les informations perçues par les sens. C’est donc un traitement particulier de l’information, par lequel de nouveaux « objets mentaux » sont créés, venant entre la perception et l’action.

Lorsqu’on parle de conscience, on évoque le plus souvent la conscience réflexive propre à l’espèce humaine : l’Homme est conscient, et mieux que cela, il se sait conscient. Il analyse sa propre existence et se projette dans l’avenir.

Il y a en réalité plusieurs formes de conscience, voyons lesquelles.

Les trois niveaux de conscience et leur définition

On parle souvent de trois niveaux de conscience.

Nous en distinguerons quatre :

  1. la non-conscience individuelle : il semble que les bactéries, insectes ou végétaux ne disposent à proprement parler d’aucune forme de conscience individuelle immédiate. Leurs actions seraient donc mécaniques, « automatiques », bio-chimiques, autrement dit totalement déterminées par l’environnement et les prédispositions génétiques. Il ne faut bien sûr pas en conclure l’absence d’intelligence.
  2. la conscience spontanée ou « perceptive », rendue possible par les cinq sens. C’est le type de conscience dont sont dotés la plupart des animaux dotés d’un cerveau : oiseaux, mammifères… A noter que certaines espèces animales sont capables de synthétiser des images ou « scènes unitaires », transformant certaines perceptions en « représentations ».
  3. la conscience réflexive ou « récursive » : c’est par elle que l’Humain est conscient d’être conscient. Ce type de conscience serait propre à notre espèce. Elle est à la source de l’ego. Elle mènerait entre autres à la conscience morale (distinction du bien et du mal), à l’apparition du langage et des représentations conceptuelles et symboliques.
  4. les formes de conscience supérieures (peu connues) : on peut penser qu’il s’agit d’une conscience plus ouverte, plus détachée de soi, plus spirituelle, et en même temps plus globale. Une forme de lucidité, de sensibilité très vibratoire.

Son niveau de conscience permet à l’être humain d’être proactif, à la différence des animaux qui ont une conscience réactive, c’est-à-dire qui agissent par réflexe. En effet, l’Homme sait faire la différence entre le passé, le présent et l’avenir. Il mesure la portée des actes et les possibilités qui s’offrent à lui. Il peut travailler pour préparer demain. Il peut se fixer des buts, et adopter un certain comportement pour les atteindre.

Remarque : On a tendance à opposer la conscience spontanée des animaux à la conscience réflexive de l’Homme. Or les études montrent que certains animaux (éléphants, chimpanzés, orangs-outans, dauphins…) sont dotés d’un début de conscience réflexive. Par exemple, beaucoup d’animaux sont capables de se reconnaître dans un miroir. A l’inverse, certains humains ne sont pas en capacité d’utiliser correctement leur conscience réflexive.

La frontière entre conscience spontanée et conscience réflexive est donc plus ténue qu’il n’y paraît…

Voir aussi notre article : Les niveaux de conscience : définition

Comment est apparue la conscience réflexive ?

Il semble que l’apparition de la conscience réflexive résulte de l’évolution de l’espèce : la complexification et le développement du système nerveux aboutit chez l’Humain à l’émergence d’une nouvelle aptitude ou « propriété fonctionnelle » du cerveau, le rendant plus performant dans son rapport à l’environnement. Le phénomène de la conscience découlerait donc d’une adaptation évolutive de l’espèce.

Ainsi, conscience, intelligence et évolution seraient intimement liées.

Voir aussi notre article : Intelligence et conscience : définition, différences

Les conséquences de la conscience

L’apparition de la conscience réflexive a eu des conséquences immenses sur l’Homme et son destin.

Tout d’abord, le phénomène de la conscience tend à réduire le déterminisme génétique. Désormais, l’Homme transmet ses connaissances directement à ses descendants par le langage, la culture et l’éducation. Ainsi, la civilisation concurrence désormais l’héritage génétique.

Ensuite, la conscience appelle l’Homme à préparer le lendemain : cela le force à se projeter, à travailler.

D’autre part, la conscience de ce qu’il est rend l’Homme lucide par rapport à ce qui l’attend : la mort. Cela l’amène aussi à s’interroger sur les grandes questions qui le dépassent et qui concernent l’Univers, Dieu et le sens de la vie.

D’autre part, la conscience, en donnant l’illusion à chacun qu’il est libre d’agir comme il le souhaite, fait naître au sein de chaque individu une foule de questions qui mènent à une certaine souffrance psychologique (absente chez les animaux) : sentiment de honte, peur des autres, peur de mal faire, sentiment de ne pas être à sa place… ou au contraire, orgueil, sentiment de toute-puissance, négation de l’autre, etc.

Sur le plan sociétal, la conscience peut mener à des dérives, puisque l’Homme peut utiliser son intelligence pour dominer les autres, exploiter la Nature et s’approprier les choses. Cela rend nécessaires les lois et les institutions (police, justice, état…), qui s’appuient sur la morale, autrement dit la distinction entre ce qui est « bien » et ce qui est « mal ».

Le péché originel d’Adam et Ève, qui ont goûté à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, traduit bien cela : en mangeant du fruit défendu, ils ont pris conscience d’eux-mêmes, ils ont connu la honte, la douleur, le travail, la tristesse et la mort. Voir notre article sur l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Remarque : il est prouvé que l’intensité de la douleur est plus forte chez les êtres doués d’une conscience de type réflexif.

La conscience réflexive : un risque ou une chance ?

Le phénomène de la conscience réflexive comporte le risque majeur d’un décentrage par rapport à notre nature profonde. Nous risquons à chaque instant de mal agir, du moins c’est l’impression que nous avons. Nous craignons d’être dans l’erreur, par ignorance, orgueil ou ambition, des défauts présents chez nous comme chez les autres. Par ailleurs, l’histoire de l’humanité est marquée par les guerres, la souffrance et le saccage de notre environnement.

A l’inverse, la conscience peut être vue comme une chance. L’Homme peut en effet utiliser son potentiel de conscience pour s’améliorer, progresser, et s’élever vers ce qui le dépasse : Dieu ou le Cosmos. L’évolution de l’Homme, les progrès qu’il fait sur le plan scientifique, intellectuel et moral, pourraient lui permettre d’attendre un niveau de conscience favorisant un recentrage par rapport à sa nature profonde : recul des égoïsmes, plus grande harmonie avec la nature, plus forte solidarité au sein de l’espèce.

La conscience face au risque de disparition de l’espèce

La conscience réflexive est née pour permettre à l’Homme d’être plus performant et de mieux s’adapter à son environnement. Paradoxalement, cette intelligence « supérieure » aboutit aujourd’hui à la destruction de la biodiversité et au désastre climatique, mettant l’humanité en danger. L’Homme devra donc nécessairement adapter son niveau de conscience pour pouvoir survivre.

Voir aussi notre article : La connaissance de soi rend libre : schéma

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Modif. le 17 mars 2024

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