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La beauté : définition philosophique

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La beauté : définition philosophique et métaphysique. La beauté est-elle forcément subjective ou peut-elle être objective ? Y a-t-il une beauté naturelle ?

La beauté est une qualité qui s’applique aux choses, aux êtres, mais aussi aux comportements, aux gestes, aux réalisations, aux manières de penser et même aux intentions.

La beauté n’est pas toujours esthétique. Elle est parfois invisible, abstraite ou intérieure. La beauté s’aborde principalement par la vue, mais aussi par les autres sens. L’ouïe en particulier permet de saisir la beauté d’une musique ou d’un chant d’oiseau. La beauté se goûte, se sent. Elle s’interprète surtout.

La beauté peut être durable (par exemple celle d’un tableau) ou éphémère : un instant peut être jugé beau, par exemple l’envol d’un oiseau.

D’autre part, la beauté relève le plus souvent d’un jugement subjectif : ce qui sera beau pour l’un ne le sera pas forcément pour l’autre. Pourtant, il y a des critères objectifs et universels pour qualifier la beauté.

La beauté est en fait une notion complexe, qui touche à des choses essentielles : l’unité, la vie, la conscience, ou encore le sacré.

Tentons une définition philosophique et métaphysique de la beauté.

La beauté : définition philosophique.

Qu’est-ce que la beauté ? Comment définir la beauté ?

Donner une définition de la beauté est un véritable défi. Il n’existe aucune liste de critères de beauté objectifs. Dans le domaine des arts visuels par exemple, les canons esthétiques évoluent à travers les époques. Ce qui est jugé « beau » par le plus grand nombre sera jugé « laid » quelques temps plus tard.

On peut toutefois tenter la définition suivante de la beauté : La beauté est le caractère de ce qui plaît, de ce qui est agréable ou universellement admirable. La beauté est d’abord une valeur partagée.

Il faut toutefois distinguer beauté esthétique et beauté abstraite. Cette dernière suscite l’admiration en raison des valeurs intellectuelles, morales ou spirituelles qu’elle véhicule :

Pour Victor Vasarely, célèbre artiste plasticien et inventeur de l’Op Art (art optique), l’unité est l’essence abstraite du beau. Cette unité se fonde sur l’éternelle dualité de toutes choses, qui produit les contrastes. Cette unité qui rassemble les opposés complémentaires est à la fois physique et métaphysique : elle permet de comprendre la structure matérielle du monde, mais aussi sa superstructure spirituelle. Elle réunit sensibilité et intuition.

La beauté : perception, émotion et conscience.

La beauté naît d’abord d’une perception, immédiatement traitée et analysée par le cerveau pour devenir une émotion. Les informations perçues passent par des filtres qui sont autant de conditionnements mentaux, parmi lesquels :

  • l’instinct : notre héritage génétique nous pousse à accepter ou au contraire rejeter certaines images ou idées,
  • l’éducation : notre héritage culturel, social et familial nous fait considérer certaines choses comme belles ou laides, bonnes ou mauvaises,
  • le vécu : nos expériences de vie nous poussent là encore à voir les choses comme belles ou laides,
  • etc.

La beauté est donc un sentiment qui dépend beaucoup de nos prédispositions.

Nos jugements, conscients ou inconscients, limitent notre capacité à voir la beauté des choses. Le principal obstacle à la perception de la beauté est donc nous-mêmes.

Seule l’ouverture de notre conscience pourra nous amener à accéder à la Beauté véritable.

La beauté, la Nature et la vie.

La beauté est étroitement liée à la Nature et au phénomène de la vie.

La beauté des arbres, des animaux et des êtres humains est celle qui attire le plus notre attention. La beauté peut aussi se traduire par une attirance sexuelle : elle est attraction, vie et fécondité.

De fait, la vie porte en elle des éléments objectivement beaux : la complexité organisée, la symétrie, la puissance, ou certaines valeurs telles que la persévérance, le sacrifice ou la capacité d’adaptation.

La définition de la beauté passe souvent par la description du phénomène vivant. On parle de beauté naturelle. La « beauté » elle-même est une notion humaine, donc naturelle et vivante.

Par ailleurs, la vie est ordre et sens : la beauté ne serait-elle pas la manifestation de ce sens de la vie ?

La beauté n’est pas un simple ornement. C’est le signe par lequel la création nous signifie que la vie a du sens.
François Cheng

Les éléments objectifs de la beauté : l’exemple de la Grèce antique.

La Grèce antique vouait un véritable culte à la beauté, en particulier à travers Apollon.

Apollon était le dieu des arts, de la poésie, du chant, de la musique, de la beauté masculine et de la lumière. Il conduisait les neuf muses présidant aux arts libéraux.

Apollon est représenté sous les traits d’une éternelle jeunesse. Son culte peut être mis en parallèle avec celui d’Aphrodite (déesse de l’Amour devenue Vénus dans la Rome antique).

Au-delà de la beauté esthétique d’Apollon, il est intéressant de remarquer que ses qualités proviennent de sa maîtrise des arts, de la musique et de la lumière solaire :

  • les arts représentent la créativité, c’est-à-dire la vie,
  • la musique est harmonie,
  • la lumière permet de voir la réalité telle qu’elle est, dans toute sa splendeur.

La beauté selon Aristote et Platon.

Pour Aristote, le beau est ce qui réunit la grandeur et l’ordre.

Platon définit quant à lui le beau comme la « splendeur du vrai ». D’autre part, pour Platon, les actions ne sont ni belles ni laides. Mais si elles sont accomplies avec rectitude, elles peuvent être qualifiées de belles. Le beau est associé au vrai, au juste et au bien : c’est un idéal plus qu’un plaisir éprouvé.

Beauté, sagesse et bonheur.

Lorsque les gens voient certaines choses comme belles,
d’autres deviennent laides.
Lorsque les gens voient certaines choses comme bonnes,
d’autres deviennent mauvaises.
Tao Te King, 2

Cette citation de Lao-Tseu invite à sortir du dualisme beauté-laideur. En effet, beauté et laideur sont des concepts qui n’existent que dans notre esprit. Le fait de voir certaines choses comme belles ou laides traduit notre capacité, ou notre incapacité à sortir de nos illusions pour approcher et apprécier le monde tel qu’il est.

  • La laideur que nous pensons voir n’est que la laideur de certaines de nos pensées : c’est la partie de nous qui est dominée par la peur, le rejet, la colère et l’incompréhension. C’est le chaos de notre esprit.
  • De même, la beauté que nous croyons voir est souvent une beauté intéressée parce qu’elle nous est agréable, favorable ou rassurante, ou parce qu’elle nous procure du plaisir. Cette beauté biaisée n’est pas la vraie Beauté.

Il est temps de sortir de nos illusions pour reconnaître que tout est beau. Tout est beau parce que tout est utile et justifié. Parce que tout être, chose ou événement procède d’un ordre que nous devons reconnaître et accepter. Les serpents, les araignées, les virus, la souffrance et la guerre participent de l’ordre du monde.

La Beauté véritable est donc comme le Bien véritable. Ce dernier n’est pas opposé au mal, mais l’englobe pour le dissoudre. La Beauté véritable est équilibre et harmonie, elle se nourrit de la supposée laideur des choses pour faire triompher l’harmonie.

On comprend que la vision non-dualiste de la beauté ouvre un chemin de sagesse et de sérénité. L’aboutissement est le bonheur d’accepter les choses telles qu’elles sont.

La beauté : définition dans la philosophie japonaise du wabi-sabi.

Le concept japonais du wabi-sabi est l’illustration parfaite de ce que nous venons de décrire. Il s’agit d’apprécier la beauté des choses usées, décrépies ou abîmées.

Entre taoïsme et bouddhisme zen, le wabi-sabi est une philosophie de vie fondée sur une simplicité rustique et humble, ainsi que sur l’acceptation de l’imperfection et de l’impermanence des choses.

Ainsi, la beauté du wabi-sabi est terne, humble et imparfaite. Elle s’éloigne d’une beauté occidentale qui ne serait qu’éclat, majesté et perfection.

D’autre part, le mono no aware, autre concept esthétique et spirituel japonais, peut être décrit comme la beauté de l’éphémère, ou la prise de conscience de ce qui est voué à disparaître.

Conclusion sur la beauté et sa définition philosophique.

La beauté n’est jamais, ce me semble, qu’une promesse de bonheur.
Stendhal

La beauté des choses nous apparaît d’autant plus clairement que nous sommes disposés à l’appréhender par-delà nos illusions et nos préjugés. L’homme recherche spontanément la beauté, mais ne la voit pas toujours. Il lui faudra lâcher-prise et apprendre à contempler.

Au final, la beauté est un chemin d’ouverture de la conscience qui permet la rencontre avec la réalité.

Voir la beauté universelle, c’est reconnaître que l’univers n’est pas un ensemble indifférencié et neutre : il a un sens.

La beauté est une rencontre. Toute présence
Sera par une autre présence révélée.
François Cheng

La beauté est dans les yeux de celui qui regarde.
Oscar Wilde

Au final, la beauté est une quête de sens de l’existence. Sachons nous arrêter pour voir, sentir, contempler et comprendre !

Lire aussi notre article sur la beauté dans l’art : une œuvre d’art doit-elle nécessairement être belle ?

Modif. le 5 octobre 2022

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